revision: 23-0520 0:07 « All India radio » Ramana Arunachala attira des milliers de devotees le 1er septembre [1946] pour marquer les cinquantes années depuis le jour où le Maharshi posa la première fois le pied sur le sol sacré du lieu de pélerinage qu’est la sainte Montagne. De très loin et de très tôt, ils affluèrent pour le darshan du saint qui, par les austérités des plus sévères et une profonde contemplation, a atteint la sagesse spirituelle et la sérénité, unique dans le pays. Des milliers de personnes sont réconfortées par sa simple présence, car il ne prêche pas et ne juge pas, mettant à l’aise tous ceux et celles qui venaient à lui, par l’absolue bonté qui rayonnait tout autour de lui. Un homme bon dans un monde en difficulté. 1:25 Dans la petite ville de Tiruchuli, à 48 km (30 miles) de Madurai, en Inde du Sud, a lieu chaque année Arudra Darshan, une célébration du Seigneur Shiva, dans une grande ferveur religieuse. Le 29 décembre 1879, les devotees avaient sorti la statue de Shiva Nataraj du grand temple Bhuminatha. Et la statue de la déitié fut exposée en procession dans les rues de Tiruchuli. 2:04 Tard dans la nuit, à 1h du matin, quand les festivités allaient s’achever et la statue être ramenée dans son sanctuaire, le faible cri perçant d’un nouveau-né se fit entendre juste à l’extérieur du mur du temple. Le garçon, Venkataraman, qui plus tard serait acclamé dans le monde sous le nom de Bhagavan Sri Ramana Maharshi était né. 2:37 Venkataraman était le second des quatre enfants de Alagammal et de Sundaram Iyer. Sundaram Iyer était un avocat renommé à la cour et un homme qui s’était fait tout seul. Il était connu dans la région pour sa générosité et sa sagesse. La maison qu’il fit construire en témoigne : il la fit construire en deux parties séparées, fournissant des espaces équivalents pour les invités et les pélerins aussi bien que pour sa propre famille. 3:14 Aujourd’hui cette maison est préservée comme sanctuaire où des pujas ont lieu tous les jours et des pélerins viennent souvent la visiter. 3:29 Sundaram Iyer inspirait respect et vénération même aux voleurs qui évitaient d’attaquer sa charrette lorsqu’ils passaient là le soir. Sa femme Alagammal était une ménagère traditionnelle, travailleuse et bienveillante. Sa spiritualité innée fut plus tard reconnue alors qu’elle s’épanouissait sous les conseils directs de son fils, au soir de sa vie. 3:58 Le garçon, Venkataram, allait à l’école élémentaire du quartier comme tous les garçons de son âge et de sa condition. 4:09 Il jouait parfois dans la rivière Kaundinya aux abords de la ville. Plus tard il se souvenait « nous nous baignions dans la rivière Kaundinya ; nous versions de l’eau sur le lingam, dans le temple Kaliar non loin de là, nous faisions des offrandes de nourriture... puis nous les mangions. Les enfants du village adjacent au temple nous y rejoignaient. Nous jouions ensemble jusqu’à la tombée de la nuit et puis nous rentrions à la maison. » 4:38 Les douze années de l’enfance de Venkataraman passèrent ainsi joyeusement. 4:51 En 1891 il fut envoyé chez des parents à Dindigul pour la suite de sa scolarité ; là il fréquenta la Dindigul Municipal High School. Cette ville plus grande était à environ 100 km (70 miles) au nord de Tiruchuli. Il vivait dans cette maison depuis moins d’un an quand l’inquiétante nouvelle de la maladie grave de son père arriva. Il rentra immédiatement à la maison et en quelques jours, le 18 février 1892, son père mourut. 5:26 Sans homme comme chef de famille, ni de moyens suffisants pour l’entretenir, la famille de Venkataraman fut dispersée chez plusieurs parents. Lui et son frère ainé allèrent vivre chez leur oncle paternel Subba Iyer, à Madurai. Alagammal, sa fille et son plus jeune fils allèrent vivre chez d’autres parents dans une ville voisine. 5:55 Madurai, connue pour son célèbre temple Meenakshi, était une grande ville très animée. Venkataraman rejoignit tout d’abord l’école Scotts Middle School et, avec le temps, il atteignit le niveau de l’American Mission High School ; il devint évident pour tout le monde que ce garçon ne serait jamais un érudit. Il préférait les jeux et les activités sportives. Si ce n’était pour son étonnante mémoire, la négligence avec laquelle il traitait ses études aurait dû alarmer ses tuteurs. 6:31 En fait, jusqu’à ce moment-là, aucun but ni sens précis ne semblait émerger de sa vie. Nager dans la rivière Vaigai (vaygay), faire du sport, étaient des distractions joyeuses pour lui puisqu’il était doté d’une bonne santé, d’une force et d’une adresse lui permettant de dépasser tous les autres. 6:57 La première prémonition du destin inhabituel de ce garçon se manifesta en novembre 1895, juste avant son seizième anniversaire. Un jour alors qu’il rencontrait un parent âgé à qui il demanda d’où il venait, Venkataraman fut étonné de l’entendre répondre « d’Arunachala ». Il savait qu’Arunachala était un endroit très sacré, mais il n’avait jamais pensé qu’on put effectivement y aller. 7:30 La seconde prémonition survint peu après. Son oncle avait emprunté un livre sur les soixante-trois saints tamouls, le « Periapuranam ». Venkataraman le prit, et le lisant, fut submergé par un émerveillement extatique que tant de foi, tant d’amour, tant de ferveur divine, soit possible ainsi que tant de beauté dans la vie. Les récits de renoncement menant à une union divine lui inspirèrent une admiration respectueuse et le désir de faire de même. 8:04 Le moment suprême vint seulement quelques mois plus tard. Venkataraman était dans la chambre au premier étage de la maison de son oncle quand survint le grand changement de sa vie ; en fait cela fut assez soudain. Une violente peur de mourir s’empara de lui. En dépit d’une bonne santé, sans appeler au secours, il pensa : « Je vais mourir ». Ce choc opéra un retournement de sa conscience vers l’intérieur. Et il fut complètement absorbé par des questions vitales qui exigeaient des réponses. « Que signifie la mort ? » « Qu’est-ce qui meurt ? » « C’est le corps qui meurt ? » 8:47 Il dramatisa l’événement en imitant l’état de rigidité d’un cadavre, s’étendant, raide, retenant son souffle et sa voix comme s’il était mort. Son corps serait transporté au champ de crémation et serait réduit en cendres. Et pourtant, pensait-il, « Je sens toujours la pleine force de ma personnalité et même la voix du « Je » à l’intérieur de moi, séparé du corps. » Il fit l’expérience d’être l’Esprit suprême qui transcendait le corps. Le corps meurt, mais l’esprit ne peut pas être touché par la mort. Il lui fut accordé la certitude qu’il était l’Esprit immortel. 9:31 À partir de ce moment-là, le « Je » ou « Soi » se concentra sur la source qui est le Soi et le substrat de toute existence et son absorption dans le Soi demeura ininterrompue. Que ce soit en parlant, en lisant ou en faisant n’importe quoi d’autre, il était toujours centré en lui-même, en ce Soi suprême. 9:56 L’éveil permanent de cette nouvelle Conscience à l’intérieur de lui, signifiait simplement la transcendance du sens du « je » individuel, l’ego, et son union avec Dieu. 10’56 Avec cette nouvelle expérience, il y eut un changement spectaculaire dans sa vie et ses centres d’intérêt. Il n’aimait plus jouer avec ses amis. Il était indifférent à sa nourriture et il perdit tout intérêt à ses études déjà négligées. La préoccupation de ce flux de Conscience divine éveillée en lui était quasiment totale. Tout ce qui l’intéressait était le temple de Meenakshi juste à côté. Il y allait désormais tous les soirs et y restait seul de longs moments, sans bouger, devant les statues de Shiva ou de Meenakshi ou de Shiva Nataraj et des soixante-trois saints. Tandis qu’il demeurait là, des vagues d’émotion le submergeaient. 11:47 La crise survint le 29 août 1896, quelques deux mois après l’éveil. Venkataraman essayait de copier une leçon de grammaire anglaise quand la futilité de l’exercice le frappa si fortement qu’il repoussa les feuilles de papier, s’assit en croisant les jambes et s’abandonna en méditation. 12:12 Son frère ainé, qui était assis pas loin et qui observait la scène le réprimanda ainsi : « à quoi sert tout ceci, pour un tel individu ? » Récemment, il l’avait souvent sermoné à cause de son indifférence vis à vis de ses responsabilités et lui fit remarquer que s’il persistait à se comporter comme un renonçant ou un sadhu, à quoi bon rester ici et jouer le rôle d’un étudiant ? 12:38 Cette fois-ci, Venkataraman reconnut la vérité de ces paroles et au moment où lui vint la pensée : où aller, « Arunachala » jaillit à sa conscience. 12:54 Peu après, il se leva et dit à son frère qu’il devait assister à un cours spécial d’électricité. De façon inconsciente, son frère lui procura l’argent pour son voyage et lui dit : « Alors prends cinq roupies de la boite au rez-de-chaussée et paie mes frais scolaires en passant. 13:12 Alors qu’il descendait l’escalier, sa tante lui servit un repas, qu’il avala à la hâte. Il reçut les cinq roupies et jeta rapidement un coup d’oeil à une carte périmée pour situer la gare la plus proche de Tiruvannamalai. Il vit que c’était Tindivanam bien qu’une ligne de chemin de fer ait été récemment construite vers Tiruvannamalai où se situe la colline d’Arunachala. 13:44 En posant le mot qui suit dans un placard, il partit, non pour son école, ni pour payer les frais du collège, mais pour sa quête ! 13:54 « Je suis parti en quête de mon Père en accord avec Son ordre. C’est dans une entreprise vertueuse que celui-ci s’est embarqué ; par conséquent, n’ayez pas de chagrin pour cet acte et ne dépensez pas d’argent pour rechercher celui-ci. Les frais du collège n’ont pas été payés. Deux roupies sont jointes ici ». 14:30 En atteignant la gare, il regarda les tarifs des billets, il trouva rapidement Tindivanam. S’il avait regardé de plus près, il aurait vu la ville de « Tiruvannamalai ». Mais il était déjà en retard pour le départ de midi. Il acheta son billet et se précipita sur le quai, il fut soulagé de découvrir que le train n’était pas encore arrivé à la gare. 15:56 Une fois en route, Venkataraman s’assit en silence parmi les passagers, perdu dans l’exaltation de sa quête. Après avoir dépassé plusieurs gares, un érudit musulman barbu lui demanda où il allait. S’ensuivit une discussion dont le résultat fut qu’il comprit qu’il pouvait changer à Villupuram Junction et prendre un autre train pour Tiruvannamalai précisément. 15:28 Le jour suivant avant l’aube, il arriva à Villupuram Junction. Au petit matin, il alla en ville et chercha un panneau indiquant Tiruvannamalai, car il pensait maintenant y aller à pied. Incapable de trouver son chemin et sentant la fatigue et la faim, il s’assit près d’un restaurant, en attendant l’ouverture. Après son repas, il retourna à la gare et acheta un billet pour Mambalapattu qui était la distance maximale avec ce qui lui restait d’argent. 16:08 Il atteignit Mambalapattu dans l’après-midi et de là il marcha le long de la voie ferrée vers sa destination. Une marche de seize kilomètres (10 miles) le mena jusqu’à Tirukoillur. C’était maintenant le soir et devant lui se dressait le vieux temple [de Arayaninallur] construit sur un grand rocher. C’est à cet endroit, il y avait un millier d’années, que le saint Jnana Sambandhar aperçut pour la première fois la sainte colline Arunachala. 16:53 Peu après, Venkataraman arriva au temple. Un prêtre en ouvrait les portes pour célébrer la puja du soir. Le garçon entra, s’assit dans la salle aux piliers et immédiatement perçut une lumière intense envahissant tout le temple. Après s’être levé pour chercher d’où venait la lumière, il comprit vite que ce n’était pas d’une source physique. Il se rassit, absorbé en méditation, avant d’être réveillé par le cuisinier du temple qui lui demanda de sortir car ils en fermaient les portes. 17:32 Fatigué et tenaillé par la faim, Venkataraman demanda de la nourriture et la permission de rester. Ses deux demandes lui furent refusées et ils lui suggérèrent de les suivre au temple de Kilur de l’autre côté de la rivière où il pourrait recevoir de la nourriture après la puja. 17:55 Arrivé au temple, il s’assit à nouveau et fut plongé en profonde méditation. 18:15 à 21h le rituel se termina et un repas fut servi. Il redemanda de la nourriture et cette fois-ci le tambour du temple, impressionné par son apparence et son attitude de dévotion, lui donna sa propre part. 18:32 À présent, il était très fatigué. Il prit son plat - une feuille - à la une main et fut conduit dans une maison voisine pour avoir de l’eau. Pendant qu’il attendait l’eau, il s’écroula de faiblesse ou de sommeil. Après quelques minutes, il revint à lui, but de l’eau, mangea et s’allongea sur l’herbe pour dormir. 18:57 Le matin suivant était le 31 août, l’anniversaire de Krishna. Quand Venkataraman s’éveilla, il marcha pour trouver la route et commença à ressentir à nouveau la fatigue et la faim. Tiruvannamalai était encore à trente-deux kilomètres (vingt miles). 19:15 Il s’arrêta à cette maison près du temple de Kilur pour mendier de la nourriture et la mère de famille répondit chaleureusement à ce garçon lumineux, en ce jour sacré de Sri Krishna. Venkataraman portait aux oreilles les traditionnels rubis portés par les garçons brahmins, et qui valaient une vingtaine de roupies. S’en souvenant, il les offrit à la maîtresse de maison en échange d’un emprunt de quatre roupies, lui permettant de terminer son voyage par le train. 19:51 La transaction conclue et les adresses échangée (afin qu’il puisse plus tard récupérer son bien) le pèlerin partit pour la gare. 20:04 Il dut dormir dans la gare cette nuit-là, car le train pour Tiruvannamalai ne partirait pas avant le lendemain matin. 20:35 Le matin du 1er septembre 1896, trois jours après avoir quitté son domicile, il arriva finalement à destination. 21:04 à pas rapides, le coeur bondissant de joie, il accéléra tout droit vers le grand temple d’Arunachala. En signe silencieux de bienvenue les trois hauts murs de l’enceinte et toutes les portes, même celle du sanctuaire intérieur, étaient restées ouvertes. Il demeura seul, en union de félicité, devant la représentation de son Père Arunachala. La quête était achevée, le voyage était terminé. 22:00 Quittant le temple, Venkataraman flâna vers la ville. Il arriva au bassin Ayyankulam Tank, dans lequel il jeta tout ce qu’il possédait encore, y compris trois roupies et demie de monnaie. Ce fut la dernière fois qu’il toucha de l’argent. Otant son vêtement du bas, il en déchira une bande pour l’utiliser comme pagne (koupina) et jeta le reste dans le bassin. 22:26 Quelqu’un remarqua l’état d’esprit de renoncement que le garçon dégageait, et lui suggéra sur un ton amusé, d’aller aussi se faire raser la tête. Il acquiesça. Retournant au temple et juste avant de passer la porte principale, une courte mais puissante pluie s’abattit sur lui. Le bain de pluie, pensa-t-il, était suffisemment en accord avec les écritures qui enjoingnaient de prendre un bain avant de commencer une vie d’ascète. 22:54 Après ces formalités, Venkataraman entra dans le temple et repris sa demeure dans la salle aux milles piliers. 23:09 Il s’assit, s’abandonnant à une absorption totale dans la félicité de l’être. Jour après jour, jour et nuit, il restait assis sans bouger. 23:34 Il continua ainsi plusieurs semaines, perdu en extase, sans jamais parler. 23:49 Un saint connu sous le nom de Seshadri Swami, arrivé à Tiruvannamalai quelques années plus tôt, commença à s’occuper de Brahmana Swami, ainsi qu’on nommait désormais Venkataraman. 24:04 Des écoliers, voyant un garçon d’à peu près leur âge assis en silence, ressemblant plus ou moins à un humain, commencèrent à lui faire des misères en lui jetant entre autres des pierres. Les tentatives de Seshadri Swami pour les écarter n’étaient pas très efficaces. Aussi Brahmana Swami chercha refuge au Patala Lingam, un sanctuaire au sous-sol de la salle aux mille piliers. 24:35 à cette époque-là, ce caveau était négligé et rarement visité par des êtres humains, mais fourmis, vermine, moustiques prospéraient dans une atmosphère sombre et humide. Dans ce coin, ils s’attaquaient à la chair de ce garçon jusqu’à ce que ses cuisses furent couvertes de plaies qui suintaient de sang et de pus. Les cicatrices restèrent jusqu’à la fin de sa vie. 25:01 Les quelques semaines qu’il passa là furent une descente aux enfers ; cependant, absorbé dans la félicité de l’être, il était indifférent à la souffrance. Elle n’était pas réelle pour lui. 25:14 Un jour, un homme pieux, voyant les garçons jeter des pierres dans le caveau, fut indigné et les chassa. En entrant dans le caveau, il fut horrifié de découvrir ce jeune garçon en piteux état, assis inconscient de ce qui l’entourait. 25:42 Brahmana Swami fut alors sorti à bras-le-corps et placé non loin du sanctuaire de Subramanya. Un Mowni Swami commença à s’occuper de lui. Parfois de la nourriture était placée dans sa bouche, car il n’y faisait pas attention quand lui en offrait. Pendant quelques semaines il ne se préoccupa même pas de nouer son pagne. 26:11 Après quelques semaines, il sorti dans le jardin du temple, puis plus tard dans la salle des véhicules du temple, plus tard encore sous un arbre près du mur du temple. Ainsi, pendant à peu près six mois, il résida à l’intérieur du grand temple. Il demeura presque toujours complètement absorbé dans une transe de félicité. Il se déplaçait même, dans cet état de transe, car en revenant à la conscience du monde, il pouvait se retrouver dans un buisson sans se souvenir comment il y était arrivé. 26:53 La fête de Kartikai, qui tombe en novembre ou en décembre, attirait des milliers de pélerins chaque année. 27:13 Brahmana Swami commença à attirer davantage l’attention et la dévotion de ces pélerins qui voyaient en lui un sommet du renoncement et de l’union à Dieu. 27:24 Un sadhu qui s’occupait de Brahmana Swami, essaya d’écarter les foules de touristes, avec un succès mitigé. Le temps passait et les spectateurs arrivaient sans relâche, aussi quelqu’un suggéra que le Swami serait moins dérangé s’il quittait le temple et allait à Gurumurtam, un sanctuaire en périphérie de la ville. C’est par geste que Brahmana Swami accepta. 28:00 En février 1897, environ six mois après son arrivée à Tiruvannamalai, il quitta le temple d’Arunachala pour Gurumurtam. 28:14 Il n’y eut aucun changement dans son mode de vie. Il restait assis dans ce sanctuaire, le mental et les sens imergés dans le Divin. Il mangeait uniquement une tasse de nourriture par jour et sans jamais parler. D’autres pensaient qu’il observait un vœu de silence, mais ce n’était pas le cas. Il n’avait simplement pas le désir de parler ni celui de se soucier de son corps. Ses cheveux avaient poussé et étaient emmêlés, son corps était encroûté de saleté, et à cause d’un manque de nourriture, il avait des difficultés à se lever quand il avait besoin de sortir. 28:52 C’est là qu’un devotee sincère, Palaniswami, s’attacha au jeune sage. Il consacra le reste de sa vie à son service, demeurant son assistant pendant vingt et un ans. 29:12 Le propriétaire du verger de manguiers voisin remarqua que le nombre de pélerins et de touristes avait augmenté, causant quelques troubles. Il offrit son verger clôturé comme résidence alternative. En mai 1898, après un peu plus d’un an à Gurumurtam, Brahmana Swami et son assistant allèrent dans le verger. 29:37 Les manguiers ont été coupés depuis longtemps et le terrain sert à présent à faire pousser du riz, mais le caractère sacré provenant du séjour du jeune sage empêchera ces terres de sombrer dans l’oubli. 30:00 Au moment où Venkataraman déménagea dans le verger, son oncle de Madurai mourut. C’est à ses funérailles que la famille en deuil reçu la nouvelle que le garçon fugitif était à présent un swami révéré à Tiruvannamalai. 30:17 Alagammal envoya avec anxiété le frère de son défunt mari, Nelliappa Iyer, pour ramener le garçon. Après son arrivée à Tiruvannamalai avec un ami, Nelliappa Iyer fut profondément ému de voir son neveu dans un état d’être aussi intense, mais bouleversé par son état de santé. Il parlementa avec le garçon pour qu’il revienne dans sa famille. Le Swami resta silencieux et indifférent. Et son oncle revint chez lui déçu. 30:51 Six mois passèrent tranquillement dans le verger de manguiers. Puis le Swami décida de vivre seul et de mendier sa nourriture en ville. Il déménagea au temple d’Arunagirinathar. Palaniswami, son assistant, insista pour le suivre. Après un mois à cet endroit et un autre mois dans le temple d’Arunachala, il monta à Pavazhakkunru (pavallakunru), un des sommets Est de la montagne Arunachala. Il resta là dans le temple et continua à rester assis comme avant, immergé dans la félicité de l’Être. Ce fut là, vers la fin de 1898, que Alagammal trouva son fils. 31:39 La mère monta les marches jusqu’à la demeure de son fils et le reconnut immédiatement malgré l’état dégradé de son corps et ses cheveux emmêlés. Jour après jour elle l’implora, le supplia, et lui reprocha même de ne pas être rentré à la maison. Le garçon restait impassible. Enfin, désespérée, elle éclata en sanglots incontrôlables. Le garçon s’en alla pour ne pas montrer sa compassion et lui donner de faux espoirs. 32:13 Finalement, il écrivit sur un morceau de papier : « L’ordonnateur contrôle le destin des âmes selon leur prarabdha karma. Ce qui n’est pas destiné à arriver ne se produira pas, quoique vous fassiez. Ce qui doit arriver arrivera, quoique vous fassiez pour l’empêcher. C’est certain. Donc la meilleure attitude est de rester silencieux. » La mère se résigna à cette ferme résolution et s’en alla. 32:52 Peu de temps après le départ de sa mère, le Swami alla habiter sur la colline, juste au dessus du grand temple. Poussé par des circonstances diverses, il déménagea de grotte en grotte sur ce versant jusqu’en 1922, quoique sa résidence principale jusqu’en 1916 fut la grotte de Virupaksha. 33:37 Cette demeure qui contient les restes d’un saint du 13e siècle, Virupaksha, est à côté d’un petit ruisseau. Malheureusement, les mois d’été, la grotte devient d’une chaleur étouffante et le ruisseau se tarit. Durant cette période chaude, le Swami et ses fidèles déménageaient dans la Grotte du Manguier, non loin de là, qui était nettement plus fraîche et à côté d’une source permanente. 34:29 C’est en 1900, peu après son départ pour la colline, que la première photo du jeune Swami fut prise. On voit un magnifique jeune homme d’apparence presqu’enfantine et pourtant rayonnant de la force et de la profondeur d’un sage. 34:59 Pendant les premières années sur la colline, le Swami continuait à rester en silence. Son rayonnement avait déjà attiré à lui un groupe de devotees et un ashram s’était constitué. Il écrivait parfois des explications ou des instructions pour ses disciples et le fait qu’il ne parlait pas ne gênait pas l’enseignement. Car son enseignement le plus efficace était donné en silence. Simplement en étant assis en sa présence, les esprits agités devenaient maîtrisés et les expériences spirituelles recherchées depuis longtemps pouvaient se manifester d’elles-même. Ce silence pénétrant et transformateur devint la caractéristique du jeune sage. 35:49 Le premier visiteur occidental, Franck H. Humphreys, officier de police anglais, a décrit l’effet sur lui dans une lettre à un ami en Angleterre : « En arrivant dans la grotte nous nous sommes assis devant lui, à ses pieds, sans rien dire. Nous sommes restés ainsi un long moment et je me suis senti soulevé hors de moi-même. Pendant une demie-heure j’ai regardé dans les yeux du Maharshi, dont l’expression de profonde contemplation n’a pas changé. J’ai pu seulement sentir que son corps n’était pas l’homme : c’était l’instrument de dieu, simplement un corps assis sans mouvement à partir duquel Dieu rayonnait de façon incroyable. Mes propres sensations étaient indescriptibles ». 36:37 En 1902, il se trouva qu’un certain Sivaprakasam Pillai vint à Tiruvannamalai pour une mission du gouvernement. Après avoir entendu parler du jeune sage, il monta immédiatement sur la colline pour le voir et fut fasciné dès sa première visite. Il posa quatorze questions, et puisque le Swami observait toujours le silence, aussi bien les questions que les réponses furent consignées par écrit. Ces réponses furent plus tard augmentées et arrangées en un livre intitulé « Qui suis-je ? ». Ce petit livre contenant ses premiers enseignements, reste l’essence de toute instruction jamais donnée. 37:21 Parmi les premiers devotees du Swami figurait le tout-à-fait remarquable et grand érudit et ascète, connu sous le nom de Ganapati Muni. C’était un homme d’un talent impressionnant : enfant prodige en sanskrit, mémoire phénoménale, homme d’une sincérité intense, d’une humilité et dévotion naturelles. Sa présence-même impressionnait et suscitait respect et admiration. 37:45 En 1903, alors qu’il était un jeune homme de 25 ans, il déménagea à Tiruvannamalai, pensant que c’était un lieu bon pour pratiquer des austérités. En 1907 des doutes commencèrent à l’assaillir, et par une chaude après-midi, animé d’une grande agitation, il courut sur la colline vers le Swami, tomba à ses pieds et d’une voix tremblante d’émotion, il dit : « Tout ce qui peut être lu, je l’ai lu, même les écritures du Vedanta je les ai pleinement comprises. J’ai pratiqué la répétition de noms sacrés (japa) jusqu’à la pleine satisfaction de mon coeur, cependant, jusqu’à présent je n’ai pas compris ce qu’était tapas. Par conséquent j’ai cherché refuge à vos pieds. Je vous en prie, éclairez-moi sur la nature de tapas. » 38:29 Le Swami tourna son regard silencieux vers lui pendant une quinzaine de minutes puis répondit : « Si on observe d’où la notion « je » s’élève, le mental est absorbé dans Cela ; ceci est tapas. Quand on répète un mantra, si on observe la source de laquelle le son du mantra est produit, le mental est absorbé en Cela ; ceci est tapas. » 39:04 Ces instructions, et la grâce irrésistible qu’il sentait émaner du Swami, l’emplirent d’une joie indicible. Il commença à écrire des vers en sanskrit sur le Swami et déclara à tous que dorénavant on devrait s’adresser au Swami par Bhagavan Sri Ramana Maharshi. Immédiatement le nom de Ramana fut utilisé, ainsi que le titre Maharshi, qui signifie « Grand Sage ». Mais peu à peu, l’épithète « Bhagavan » commença à s’imposer parmi les devotees. Cela signifie simplement « Divin ». 39:47 En 1916, la mère de Ramana, Alagammal, vint à Arunachala, résolue à passer le reste de sa vie avec son fils ascète. Son fils aîné était décédé. La femme de Nagasundaram, son plus jeune fils, était décédée aussi, laissant un petit bébé garçon. Nagasundaram laissa son fils à sa sœur sans enfant, Allamelu, et se joignit à sa mère et à son frère le sage et revêtit la robe ocre des renonçants. 40:19 Peu après l’arrivée de sa mère, Ramana déménagea de la grotte de Virupaksha à Skanda Ashram, un peu plus haut sur la colline. Mère prit en charge la cuisine de l’ashram et reçu de son fils qu’elle voyait désormais comme un Être divin, un entrainement intense pour sa vie spirituelle. 40:38 Pendant ses dernières années à Skanda Ashram, elle compris intuitivement que son salut dépendait de son fils qui était maintenant son seul refuge. 41:00 Elle refusa de quitter sa compagnie, même pour une journée, de peur de mourir loin de lui. Elle lui disait « Cela ne me gêne pas que tu jettes ma dépouille dans un buisson plein d’épines, mais je veux mourir dans tes bras. » 41:21 Et dans ses bras elle était ce jour fatal du 19 mai 1922, quand, par son toucher particulier, elle atteignit l’état d’absorption final dans le Coeur, juste avant son dernier souffle. 41:40 Sri Kunju Swami, qui fut témoin des dernières heures de Mère à Skanda Ashram, décrit la scène ainsi : ****************************************************************************************************** 41:49 Ce dernier jour, à partir de 5h, il y eut une prémonition que c’était le dernier jour de Mère. Bhagavan s’assit à côté d’elle et mit une main sur sa poitrine et l’autre sur sa tête. Bhagavan avait conseillé à chacun d’aller manger, parce que si elle mourait, c’était considéré comme impur pour les personnes orthodoxes de manger dans une maison où survenait un décès. 42:27 Certains orthodoxes parmi nous partirent manger. Mais d’autres qui se sentaient particulièrement proches de Bhagavan ne pensaient pas à le quitter pour aller manger. 42:41 Bhagavan resta assis à côté de Mère et gardait les mains sur elle. Diverses expressions de joie et de tristesse passaient sur son visage. Bhagavan commentait : « Mère est-elle dans ce monde ? Non, elle est dans des mondes différents, traversant diverses naissances et les expériences qui s’ensuivent. » 43:12 Quand son passage sembla imminent, des gens comme Ganapati Muni, T. K. Sunderesa Iyer et d’autres, décidèrent de réciter des Vedas. De l’autre côté, Saranagati Ramaswami et un gentleman du Penjab commencèrent à réciter Rama japa. Sans l’avoir prévu, nous les rejoignîmes en chantant Aksharamanamalai et Arunachala Shiva. 43:44 Au milieu de ces chants et psalmodies à voix forte de divers Ecritures, Mère quitta son corps. Bhagavan continua à garder les mains sur son coeur et sur sa tête. Nous nous demandions pourquoi il se tenait encore ainsi. Alors il expliqua : « Quand Palaniswami expira son dernier souffle, je fis la même chose. Je pensais que l’âme avait rejoint le coeur et j’ai retiré mes mains. Il ouvrit les yeux et la force de vie partit par ses yeux. 44:25 Alors cette fois-ci, pour être certain, je garde les mains plus longtemps que nécessaire. » C’est ce jour-là que j’ai appris de Bhagavan cet important secret. 44:38 Ensuite il s’est levé et nous avons tous mangé. Après le repas, nous sommes revenus nous rassembler près du corps, sans ressentir aucune impureté. 44:50 Ganapati Muni avait posé la question dans la Ramana Gita sur la possibilité pour une femme d’atteindre l’état de Réalisation. Bhagavan avait répondu que l’état de Réalisation n’avait pas de lien avec la forme du corps grossier. Et donc nous nous sentions tous satisfaits que Mère ait atteint la Libération et nous étions heureux. Plus heureux encore, parce que nous voyions que le visage et le corps de Mère rayonnaient à présent d’un tel éclat et d’une telle lumière. ****************************************************************************************************** 45:28 Le corps de Mère fut transporté au pied du versant sud et inhumé avec la toute la cérémonie et les rites dûs à une âme libérée, une jnani. Un sanctuaire fut construit au dessus de la tombe et le Maharshi s’y rendait presque chaque jour. 45:49 Son frère vint habiter là et quelques mois plus tard le Maharshi y descendit et s’y établit aussi. Les devotees de Skanda Ashram le suivirent et ainsi fut fondé Sri Ramanasramam. 46:10 Au début, il y avait juste une hutte en chaume au dessus de la tombe de Mère, mais comme des chercheurs et devotees commencèrent à affluer de toute l’Inde et de l’étranger, des bâtiments furent construits pour les loger. Une salle de douze mètres sur quatre mètre cinquante fut construite pour héberger le Maharshi et bien qu’il préfèrait la simplicité en tout, un canapé lui fut imposé. C’est devenu sa demeure la plupart des vingt-quatre heures de la journée. 46:47 Il respectait une routine précise, qui comprenait une promenade deux fois par jour. En ces temps-là il montait sur les versants de sa bien aimée colline Arunachala, et si on devait parler d’attachement pour lui, ce serait très certainement un attachement à la colline. Il l’adorait et disait que c’était Dieu lui-même, le Coeur spirituel, ou Centre, de la terre. Il ne semblait jamais aussi heureux que lorsqu’il flanait sur ses versants et une fois il fit remarquer qu’il n’y avait pas un seul endroit sur la colline où il n’avait pas mis le pied. 47:24 Il encourageait également les devotees à faire les treize kilomètres à pied autour de la colline (giripradakshina) comme c’était déjà bien connu depuis les temps anciens, pour être un puissant exercice spirituel. 47:40 Généralement le Maharshi semblait être indifférent, simplement témoin, à ce qui se déroulait autour de lui. Cependant, il était toujours conscient de ce qui se passait et semblait très exigeant en ce qui concerne certaines questions. 47:55 En tout premier, il insistait pour être accessible aux devotees et visiteurs à tout moment. Même le jour de sa mort, alors qu’il n’avait même plus la force de tenir sa tête droite, il affirmait qu’on ne devait pas empêcher les devotees de le voir. 48:13 Il était également très pointilleux sur le fait que les visiteurs devaient être nourris dès leur arrivée, et la nourriture devait être bien cuisinée et nourrissante. Il a participé à la préparation des repas et supervisé la cuisine pendant des années. 48:29 Le Maharshi était inflexible sur le fait qu’il ne devait être l’objet d’aucune préférence concernant la nourriture ou toute forme de confort. « Si c’est bon pour moi, cela doit être bon pour tous » disait-il quand une nourriture spéciale ou des remèdes lui étaient offerts. Il demandait alors aux assistants de les distribuer à chaque personne présente avant qu’il ne les prenne lui-même. 48:57 En sa compagnie, on pouvait noter une totale absence de distinctions entre hommes et femmes de différentes castes et croyances, de différentes races et religions, entre un prince et un paysan, un ascète ou un chef de famille. Son sens de l’égalité s’étendait loin au-delà de l’humain et embrassait même les plantes et les animaux. 49:23 Son amour et son affinité avec les animaux peut être seulement comparés à ce merveilleux enfant du Christ qu’était saint François d’Assise. Ils venaient tous à lui, chiens, serpents, singes, corneilles, cerfs, paons, tamias (petits rongeurs) et vaches, pour n’en nommer que certains. Il connaissait leur langage silencieux, et quand il parlait, ils comprenaient et obéissaient. Il arbitrait les querelles entre singes ; il savait parler aux léopards et aux cobras sauvages et tout le règne animal l’acceptait comme leur gardien et leur défenseur. Tous ressentaient sa grâce et agissaient avec intelligence en sa présence. 50:07 Il considérait toutes les créatures vivantes comme égales, et ceux qui venaient à lui méritaient une part équitable de l’espace et des ressources de Ramanasramam. Il mentionnait souvent que c’était leur territoire depuis toujours et que nous, humains, étions venus simplement l’occuper. S’ils avaient pu parler, ils auraient aussi bien pu réclamer leur droits. 50:28 À côté de cela, il maintenait que chaque créature, de l’homme jusqu’au plus petit insecte, était une manifestation à égalité du Soi suprême, l’Un impérissable, et même un animal peut progresser spirituellement et, à de rares occasions, atteindre la Libération. Ce fut démontré par la vie de la vache Lakshmi. 50:52 Pendant plus de vingt ans, elle vécut à l’Ashram et montra une rare dévotion à l’égard de Bhagavan et une intelligence dans tous les domaines. Bhagavan lui rendit pleinement sa douce dévotion et, à son dernier jour, quand sa fin était proche, il vint vers elle : « Amma (Mère), dit-il, « Tu veux que je sois près de toi ? » Il s’assit près d’elle et pris sa tête sur ses genous. Il l’a fixa dans les yeux et mis sa main sur sa tête et également au-dessus de son coeur. Tenant sa joue contre la sienne, il la caressa. Satisfait que son coeur soit pur et centré sur Dieu, il la laissa. Peu après, elle quitta son corps tout-à-fait en paix. 51:44 Elle fut inhumée avec la cérémonie complète et une pierre sculptée à sa ressemblance fut érigée sur sa tombe. Une épitaphe écrite par Bhagavan fut gravée, déclarant, qu’en fait, elle avait atteint la Libération finale ce jour-là. 52:16 Le Maharshi était toujours soigné et propre. Il était toujours ponctuel, et sa frugalité était sans faille ; rien n’était gaspillé. Il était souvent vu penché pour ramasser un seul grain de riz et le remettait à sa bonne place. 52:34 Quelque soit le travail qu’il accomplissait, il le faisait avec une totale concentration, bien plus vite et plus parfaitement que quiconque. Et il n’était nullement affecté par toute l’attention qu’on lui prodiguait. Il ne voulait jamais rien de personne. Il était entièrement satisfait par la plénitude immaculée du Soi suprême. 52:55 En ce qui concerne ses qualités humaines, sa personnalité frisait la perfection. 53:04 Mais son trait le plus remarquable n’était pas humain, mais d’ordre divin. C’était la qualité divine transformatrice opérée par sa présence qui attirait à lui des milliers de personnes de tous les coins du monde. Sa présence même, son silence, mettait fin aux souffrances de nombreux coeurs et transportait les âmes mûres vers le royaume de la plénitude spirituelle, la Réalisation du Soi. Écoutons une expérience pas si rare d’une chercheuse telle Ramani Rajagopal Ammal : ****************************************************************************************************** 53:40 Le regard de Bhagavan était une vraie magie. Vous pouviez ne rien faire, mais simplement regarder dans ses yeux transformait votre état en état de samadhi (éveil). Tous dans le hall nous ressentions comme si Bhagavan nous regardait en particulier. C’est la véritable expérience de chacun de nous. De sa façon inimitable, il donnait le regard de la grâce à tous et à chacun assis dans le hall. Le regard de Bhagavan nous plongeait en profond samadhi. Juste en regardant dans ses yeux, vous en veniez à connaître ce qu’est la méditation. C’est l’expérience commune à tous les devotees. Demandez à chacun et vous recevrez la même réponse. 54:19 Une fois, il m’adressa un tel regard, que j’ai plongé en samadhi pendant très longtemps. Bhagavan lisait le journal, les lettres qu’on lui apportait ; les activités suivaient leur cours, mais moi je n’étais pas consciente de ce qui se passait à l’extérieur de moi. En fait, j’étais inconsciente de mon corps. (54:37) ****************************************************************************************************** 54:45 Les chercheurs sincères affluaient vers lui et l’intensité de leur sincérité était intégralement rendue d’une manière non visible, ressentie d’eux seuls. 54:55 Il expliquait aux devotees que bien qu’on puisse avoir diverses visions, entendre des sons surnaturels, avoir des expériences de voyance, même développer des pouvoirs occultes, tel l’invisibilité, la matérialisation d’objets, etc. [mais] Ce n’est que lorsque le mental est pafaitement silencieux et a rejoint le Coeur, le siège du Soi suprême, que la vérité finale est réalisée et la perfection atteinte. 55:23 Avec ou sans visions, ils étaient guidés et amenés au-delà des limitations du corps et du mental et éveillés à la pure conscience du Soi dans le Coeur. 55:34 Professeur N. R. Krishnamurti Iyer, un homme âgé ardent devotee du Maharshi, se souvient de ses expériences lorsqu’il était assis devant le maître en 1934 : ****************************************************************************************************** 55:48 Autour de minuit, J’étais simplement… Je ne bougeais pas, je restais simplement où j’étais 55:55 J’étais inconscient de ce qui se passait autour de moi. 55:58 La lumière que vous avez vue, lumière venant d’un miroir concave focalisée en un faisceau parallèle. 56:07 Quand vous projetez sur un miroir concave, elle se concenntre sur un point focal. 56:12 Ce point focal était le Coeur. 56:15 En ce point, toute la lumière était aspirée. 56:20 Le Coeur était ouvert. L’énergie kundalini était complètement aspirée dans le Coeur. 56:29 C’est le siège d’Arunachala Ramana. 56:33 Et là, quand l’ouverture se fait, habituellement le Coeur est fermé. 56:39 Je n’ai jamais connu de telles choses. Je n’ai jamais rien lu à ce sujet. Ce sont des expériences pratiques. 56:45 Durant toute la nuit, immediatement, jaillit en avant un flot de Nectar (félicité) venant du Coeur. 56:53 Cela inonda chaque pore de ma peau, cela inonda tout mon organisme physique. 56:59 Cela se déversait, déversait, déversait déversait, vers l’extérieur. Cela continua de plus belle à grand flot. 57:05 L’univers entier était empli. 57:08 Le plus drôle était que ma conscience n’était pas dans le corps. Ma conscience embrassait tout l’espace... 57:16 … empli de ce nectar. L’univers entier était Nectar. 57:22 Nectar, je l’appelle éther. Vous pouvez lui donner un nom, quelque chose de très subtile... 57:27 … mais relié en conscience à chaque point. 57:31 Et tous les corps ici, vivants ou non, étaient simplement comme des flocons… 57:38 … flocons de neige flottant dans cet océan de Nectar. 57:44 Si vous me demandez ce qu’était mon corps, mon corps était l’univers entier de Nectar. ****************************************************************************************************** 57:58 Par son regard et par le pouvoir de sa présence, il générait un affaiblissement du mental et l’expérience de la Réalité parfaite et Une. Il disait souvent que le vrai enseignement était le silence, mais cela ne signifie pas que des explications verbales n’était pas données aussi. Et bien qu’il autorisait nombreuses méthodes différentes de pratique spirituelle, lui, cependant, insistait surtout sur la voie de la recherche du Soi : « La première et la plus importante de toutes les pensées qui survient dans le mental est la pensée primordiale « je ». 58:34 C’est seulement après l’émergence ou l’origine de la pensée « je » qu’un nombre incalculable d’autres pensées s’élèvent. Recherchez, par le moyen d’un mental profondément introverti, d’où ce « je » provient. Si nous allons à l’intérieur, en nous questionnant sur la source du « je », le « je » s’écroule et immédiatement une autre entité se révélera en proclamant « Je_Je ». Même s’elle émerge aussi en disant « Je » elle n’est pas l’ego, mais l’existence parfaite, Une. 59:12 Des gens de toutes religions venaient à lui et il ne conseillait jamais à personne de changer la forme de leur foi ni d’abandonner leurs croyances. Il répondait patiemment à leurs questions, mais à la fin, il les ramenait au Soi. « Connaissez qui vous êtes, tout le reste sera alors connu. » disait-il. 59:31 À une question sur le bonheur, il répondait : « Le bonheur est votre nature réelle. Vous vous identifiez au corps et au mental, et ressentez leur limitations et vous souffrez. Réalisez votre « vrai Soi » dans le but d’ouvrir la réserve de bonheur sans mélange. Ce « vrai Soi » est la Réalité, la Vérité suprême, qui est le Soi de tout le monde que vous voyez en ce moment, le Soi de tous les soi, la Réalité Une, le Suprême, le Soi éternel, distinct de l’ego ou de l’idée du soi lié au corps. 1:00:16 Il n’a jamais conseillé à qui que ce soit de quitter sa famille ni d’aller dans la forêt. « L’obstacle est le mental » disait-il « Il doit être dépassé que ce soit chez soi ou dans la forêt. Et pourquoi vos activités ou devoirs de votre vie devraient-ils interférer avec votre effort spirituel ? Renoncer aux activités signifie renoncer à l’attachement aux activités et à leurs résultats : Renoncez à la notion « je suis l’auteur de mes actes ». 1:00:47 La pratique de ses enseignements ne demandait pas d’aller à des rituels extérieurs ou des cérémonies. Elle nous amène droit à la source de notre propre être, qui est la source d’où toutes les religions émergent et là où elles doivent au final se résoudre. Elle peut être pratiquée par des hommes et des femmes de tous horizons, quelque soit leur environnement. 1:01:16 Le Maharshi vivait ce qu’il disait. En fait il était la plus parfaite démonstration de l’état suprême de Réalisation du Soi. Et bien qu’il était fixé dans l’état permanent de pure Conscience, son corps était soumis aux lois de la nature : avec le temps, il souffrit de rhumatisme et devint affaibli par l’âge. 1:01:41 Au début de 1949, un petit nodule apparut sous le coude de son bras gauche. Il fut opéré. Il réapparut plus tard et fut diagnostiqué comme tumeur maligne, et centimètre par centimètre grignota la chair de son bras gauche, empoisonna son sang et, finallement, baissa le rideau sur une vie de pureté et de grâce immaculée. 1:02:08 Pendant cette dernière année, de terribles souffrances apparurent, mais le Maharshi ne se plaignit jamais. Il semblait indifférent à l’existence ou la non-existence du corps, étant quasiment inconscient de son corps. Les devotees voyant son affaiblissement progressif et les symptômes de mauvais augure, exprimèrent leur souffrance liée à son départ imminent. Il leur dit simplement qu’ils attachaient trop d’importance au corps, indiquant par là que son influence n’était pas limitée au corps malade qu’ils voyaient devant eux. 1:02:42 Quand, le 13 avril 1950 un médecin lui apporta un remède spécial, il refusa disant « Ce n’est pas nécessaire, tout sera comme cela doit être avant deux jours. » 1:03:00 Le jour suivant une foule passa en longue file devant l’embrasure de la porte. Le corps qu’ils voyaient, ravagé par la maladie, tout rétréci, les côtes saillantes, la peau noircie. C’était un vestige de douleurs pitoyable. Et cependant, à un moment donné durant ces dernier jours, chacun reçut un regard de reconnaissance direct, lumineux et pénétrant qui fut ressenti comme un regard d’adieu empli de grâce. 1:03:27 « Ils disent que je vais mourir, mais je ne pars pas. Où pourrais-je aller ? JE SUIS ICI. » Il répéta cette phrase plusieurs fois, signifiant clairement que la fin de son corps n’interromperait pas la grâce et la guidance. 1:03:43 Et ce soir-là, le moment avant la fin arriva, et de manière inattendue, un groupe de devotees assis à l’extérieur du hall, commença à chanter « Arunachala Shiva ». En l’entendant, les yeux de Sri Bhagavan s’ouvrirent et brillèrent. Il sourit brièvement avec une tendresse indescriptible. Des larmes de félicité coulèrent du bord externe de ses yeux. Encore un inspir et plus rien. Il n’y eut ni combat, ni spasme, ni aucun autre signe de mort : juste que l’inspir suivant ne vint pas. 1:04:20 À ce moment-même, une énorme comète traversa lentement le ciel et disparut derrière la sainte colline d’Arunachala. Nombreux sont ceux qui l’ont vue, même d’aussi loin que Madras, et ont ressenti ce que cela signifiait. Il était exactement 20h47, le 14 avril 1950. 1:04:44 Le jour suivant, une fosse fut creusée et le corps fut enterré avec les honneurs divins. La foule, entassée de façon serrée, regardait dans un silence lourd de chagrin. 1:04:57 Un lingam en pierre noire polie, le symbole de Shiva, fut consacré et placé sur sa tombe. La foule s’est dispersée… 1:05:28 Après le premier choc lié au deuil, les devotees commencèrent lentement à revenir à Tiruvannamalai. 1:06:06 « Ils disent que je vais mourir, mais je ne pars pas, où pourrais-je aller ? Je suis ici. » Ils découvrirent rapidement à quel point c’était vrai. Plus que jamais il est devenu le Guru intérieur, guidant les chercheurs plus activement, plus directivement. Les devotees où qu’ils puissent être, trouvent sa grâce et son soutien, sa Présence intérieure, non seulement aussi puissante, mais même plus puissante que jamais avant. 1:06:52 Et depuis la disparition de sa forme corporelle, son nom et sa renommée ont grandi de jour en jour. Maintenant en nombre croissant, des milliers de personnes affluent vers sa tombe et sentent la puissante influence de sa présence. 1:07:12 Maisons et villas ont surgi à l’intérieur et autour de l’ashram. 1:07:29 Le Temple construit sur le corps de Mère s’est chargé d’une force spirituelle palpable. 1:07:40 Le programme est resté le même que lorsque le Maharshi était là physiquement. Seule la taille et l’envergure de l’ashram se sont agrandis afin de faire face à la demande sans cesse croissante des chercheurs sincères du monde entier. 1:08:00 Il vécut sa vie, diffusa sa puissance, exposa son enseignement seulement pour démontrer à l’humanité que la vie avait un but et un sens : il y a une Réalité indestructible, une beauté incomparable, une vie de paix et de félicité parfaite à l’intérieur du Coeur de tous les êtres. Il est l’incarnation de Cela. 1:08:44 Une visite à Sri Ramanasramam relie intimement à la Présence divine de Bhagavan Sri Ramana Maharshi. 1:09:07 Cette Présence en fait pénétre tout ; 1:09:14 elle est ici et maintenant. Elle est le Soi de tout. 1:09:33 Le bonheur est votre nature véritable. Réalisez votre vrai Soi dans le but d’ouvrir la réserve de pur bonheur. 1:09:50 « Océan de Nectar, plein de grâce, engloutissant l’univers dans Ta splendeur ! Ô Arunachala, le Suprême lui-même ! Soit Toi le soleil et ouvre le lotus de mon Coeur en félicité ! » (Sri Arunachala Pancha Ratnam) 1:10:15 Générique 1:12:43 FIN Traduction en français et narration : Martine Le Peutrec